samedi 4 avril 2015

La fin de la peur

Nous vivons dans la peur. Le stress est au coeur de notre société alors même que pour la plupart d'entre nous il n'existe pas de réel danger dans l'ici et maintenant. Nos peurs sont avant tout psychologiques. Nous passons nos journées à penser aux problèmes qui pourraient survenir demain ou aux blessures que nous avons ressenties dans le passé ou aux souffrances vécues par les autres. En réalité nos pensées sont à l'origine de 99% de nos peurs. Cette tradition de nourrir des pensées sombres et douloureuses se perpétue de génération en génération à travers l'éducation des parents, empreinte de culpabilité et d'anxiété, et les professeurs qui s'obstinent à faire apprendre par cœur aux enfants des formules scientifiques incompréhensibles ou tous les drames de l'histoire de l'humanité.
Nous sommes donc nourris très jeunes de pensées automatiques anxiogènes et nous conservons cette habitude de penser quotidiennement au pire sans même nous en rendre compte. Pour certains cette pression interne permanente se manifestera par des angoisses incontrôlables pour d'autres cela prendra la forme d'une agressivité ponctuelle ou permanente. Car une des particularités du cerveau est qu'il ne fait pas la différence entre la réalité et le virtuel. Il réagira de la même façon si vous imaginez la présence d'un tigre dans votre salon que s'il est réellement dans la pièce. De même au cinéma vous ressentez des émotions intenses et profondes alors que vous êtes simplement assis avec des inconnus devant un grand écran. Nous vivons dans la peur principalement parce que notre corps réagit à chaque pensée négative comme si le problème se produisait réellement dans l'instant. Si vous êtes anxieux vis à vis de l'argent, une simple pensée peut vous faire ressentir en un quart de seconde l'immense souffrance d'être ruiné et de devoir vivre dans la rue. Si vous redoutez de perdre l'être aimé, la seule idée qu'il puisse vous quitter ou mourir dans un accident d'avion vous affecte profondément comme si cela venait d'arriver. Si vous multipliez ces expériences douloureuses par le nombre de pensées anxiogènes qui vous traversent l'esprit en une journée vous commencez à mesurer à quel point ce phénomène psychologique peut nous faire souffrir.

Alors comment sortir de ce cercle vicieux et infernal. Il s'agit dans un premier temps de ralentir le processus des pensées automatiques jusqu'à l'arrêter totalement. Pour cela il faut apprendre à observer le phénomène et se désidentifier de son mental, comme si au cinéma vous ne vous intéressiez plus au film et vous commenciez à observer les spectateurs, la cabine de projection et les enceintes qui diffusent le son. Au lieu de croire à vos pensées et d'être rattrapé par l'émotion négative vous êtes le simple observateur de votre "machine à pensées" qui a pris la mauvaise habitude de se metttre en route toute seule.
Le simple fait de vous mettre en distance par rapport au flot de vos pensées suffira à éviter la réaction de souffrance dans votre corps. Au début vous aurez peut être des difficultés à rester simple spectateur de cette agitation mentale automatique et vous "replongerez" régulièrement dans l'émotion. Mais, très progressivement, vous prendrez l'habitude et cette posture de "non identification" à vos pensées vous paraîtra aussi naturelle que de sortir de la salle de ciné en vous disant "ce film était spectaculaire mais ce n'était que du cinéma". Cette mise en conscience de nos pensées automatiques s'apparente à la pratique de la méditation mais il n'est pas nécessaire de se mettre dans la position du lotus pour y parvenir. Il est même souvent plus facile de la pratiquer dans notre vie quotidienne. Par exemple, vous arrivez à votre travail, votre "machine à pensées" se met en route en réactivant toutes vos expériences difficiles passées ou la liste irréalisable des taches à effectuer dans la journée. Vous faites alors un "stop" et vous observez ce flot de pensées négatives. Vous attendez en respirant tranquillement, jusqu'à ce qu'il s'arrête. Lorsque l'agitation psychologique a cessé vous reprenez le cours de votre journée. Si l'espace temps entre deux mises en routes de la "machine à pensées" vous semble très court au démarrage, il sera de plus en plus long au fil du temps et vous sentirez très vite le formidable potentiel de calme et de bien être que cela procure.

Avec une pratique régulière de cette posture d'observateur de vos pensées négatives vous parviendrez à ne plus soumettre votre corps à ce flot de peurs au quotidien. Pourtant il pourra encore vous arriver de ressentir un fond d'angoisses inexplicable, sans lien avec une pensée particulière. Le guide spirituel allemand, Eckhart Tolle, appelle ce phénomène le "moi de souffrance". Il s'agit de l'agglomération de toutes nos souffrances passées, compactées et enfouies au fond de notre subconscient. Les hypnotiseurs, qu'ils soient thérapeutes ou artistes, agissent sur ce "moi de souffrance" pour nous libérer de nos peurs et nous faire accéder à de nouvelles possibilités.
D'autres méthodes comme la kinésiologie ou l'EFT sont particulièrement efficaces en réduisant progressivement l'intensité de la "boule d'angoisses" qui s'est constituée principalement dans l'enfance. L'autre moyen d'agir sur son "moi de souffrance" est de l'accepter pleinement, sans vouloir que les choses soient autrement. Au moment où vous sentez monter une peur inexplicable, qui n'a pas été déclenchée par une pensée automatique particulière, vous faites un "stop" et vous accueillez pleinement cette sensation. Vous l'acceptez profondément, sans condition, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus un problème pour vous. La peur est bien là mais elle n'est plus ni négative, ni positive. Elle "est", c'est tout. Cette acceptation profonde transforme naturellement la peur en calme puis en confiance, une confiance indéfectible dans le pouvoir de la vie. Nelson Mandela incarne parfaitement ce processus de libération des souffrances du passé. Du fond de sa prison il a accepté progressivement sa situation de condamné à perpétuité, traversant les sentiments d'injustice et de peurs, pour contacter la paix intérieure et se nourrir d'une foi profonde en la vie. Nous avons donc tous la possibilité de transformer notre lot de peurs issues de notre passé en prenant au quotidien le temps d'accueillir nos souffrances et de les accepter pleinement dans l'ici et maintenant.

En parvenant à éteindre la "machine à pensées" et en prenant le temps de transformer notre lot de souffrances passées, nous pouvons réellement envisager une vie sans peur.







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