mercredi 7 mai 2014

Le dialogue intérieur

Comment stopper le flot incessant de nos pensées ?

Le jour de notre naissance nous mettons en marche cet outil propre à l'être humain qu'est le mental. Malheureusement cette première expérience nous la vivons généralement dans des conditions particulièrement pénibles. En effet, en seulement quelques heures, nous passons du confort idyllique de la vie intra-utérine à l'agitation assourdissante d'une salle d’accouchement. Totalement dépassés par les événements nous cherchons à comprendre ce qui nous arrive, nous réfléchissons à une manière de nous en sortir... en vain. Étonnamment dès nos premières respirations nous sommes déjà assez "grands" pour penser mais trop "petits" pour agir. Dès cet instant nous allons conserver ce réflexe originel d'analyser à tout moment notre environnement pour éviter de nous retrouver à nouveau dans une situation aussi douloureuse.



C'est ainsi que se met en place un phénomène étrange, celui du dialogue intérieur. Une petite voix dans notre tête qui nous interpelle pour un oui ou pour un non, à chaque fois que notre cerveau repérera un risque potentiel. Avec le temps  cette petite voix prend de plus en plus de place. Elle devient même souvent notre amie la plus intime, notre confidente. Si nos parents sont peu à l'écoute de nos besoins, ce qui est très majoritairement le cas, elle deviendra même vitale à nos yeux, seule "personne" à nous comprendre dans ce monde de brutes ! A la fois vulnérable et inquiète, elle nous interpelle à tout moment : "Fais ceci !", "Fais cela !", "Fais attention", "Dépêche toi"... Ses injonctions sont généralement très directives, souvent alarmistes, car, je vous le rappelle, cette petite voix est apparue dans les conditions très anxiogènes de la naissance. Elles sont chargées d'un fort émotionnel qui les rendent très convaincantes.

Chez certains les messages envoyés par le mental sont à 90% négatifs, pour d'autres plus chanceux il alterne avec des pensées plus légères sur la vie ou sur les autres. Dans tous les cas notre dialogue intérieur nous coupe de la réalité et nous diffuse en permanence un film totalement virtuel dont le mental est à la fois l'auteur, le metteur en scène, l'acteur principale et le projectionniste. Si vous êtes d'un naturel positif le film ressemblera au mieux à une comédie dramatique dans le cas contraire il tendra vers le thriller psychologique ou le mélodrame. Vous comprenez maintenant le succès au cinéma de ce types de films, pourtant peu réjouissants,mais parfaitement à l'image ce ce qui se passe dans notre tête à chaque instant. En conclusion ce dialogue intérieur est à la fois inutile et source de souffrances. Il est anxiogène et déconnecté du réel. Cette prise de conscience est un préalable à toute tentative de calmer ce phénomène pour enfin sortir de cette "prison mentale".

Arrêter le flot des pensées nécessite pour commencer de ne plus s'identifier à cette petite voix intérieure. En d'autres en termes il faut arrêter de prendre pour argent comptant ce qu'elle vous raconte. Positives ou négatives, ces pensées automatiques sont toujours des "bobards" inventés par notre mental pour nous mettre en alerte d'un danger hypothétique. Toutes les formes d'exclusions comme le racisme ou le sexisme sont nés de ce réflexe de méfiance systématique du mental vis-à-vis de la différence ou la nouveauté, considérées comme potentiellement dangereuses. A partir du moment où vous ne leur accordez plus autant d'importances vos pensées vont progressivement se décharger de leur résonance émotionnelle. Elles deviendront de plus en plus anecdotiques, sans valeur particulière à vos yeux. Le flot des pensées continuera très probablement mais ce  ne sera plus un problème. Vous le considérerez simplement comme une mauvaise habitude de votre esprit, un "bug" sans importance. De nouvelles pensées automatiques se manifesteront mais elles n'auront plus le même impact sur votre perception des événements.

Et là, ô miracle, vous rentrerez en contact avec le "présent", le célèbre "carpe diem". Vous aurez l'impression de retirer des lunettes déformantes. Vous verrez votre environnement sous un jour nouveau. Subitement vous vous sentirez calme, comme apaisé. Vos sens seront en éveil comme jamais. Tout sera plus coloré, plus intense. Vous direz "au revoir" à l'agitation du mental et "bienvenue" au moment présent.

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